Bonjour,
Un article très général vu sur le site internet d'un élu local qui a mis en ligne un article écrit par Jean-Marc Brisen, président d'Actevi (Action citoyenne pour les transports et l'environnement à Issy), extrait de la publication Liaison de Novembre 2011.
La tourmania ...
Les projets de tours se heurtent aux refus des habitants et n'offrent que des appartements inaccessibles aux demandeurs de logements.
L'épidémie menace Paris et la petite couronne, plus particulièrement les Hauts-de-Seine. De nombreux élus souhaitent construire une ou plusieurs tours de plus de 100 m (immeuble de grande hauteur ou IGH) dans leurs communes, à la joie profonde des architectes. Lors de son assemblée générale de 2009, IDFE avait pris position sur ces étranges objets urbains.
Ces "gestes architecturaux forts" dans le ciel du Grand Paris, souhaités par le président de la République, répondent-ils à la notion de développement durable et aux aspirations du Grenelle de l'environnement ? Concilier à la fois l'économie, le social et l'environnement est une tâche ardue que ces donjons modernes ne remplissent pas.
Les grandes villes des Etats-Unis, du Canada et la Défense fournissent une première réponse. Les IGH sont périodiquement détruits ou partiellement déconstruits afin d'être remis au goût du jour. Ainsi, la Défense en est à son cinquième plan de renouveau en 50 ans d'existence.
Paris et sa proche couronne hébergent, principalement dans trois quartiers 68 tours de 100 m et plus. La Défense avec 13 IGH essentiellement de bureaux, le 13ème arrondissement avec 17 IGH d'habitations près des portes d'Italie, de Choisy et d'Ivry, Il faut y ajouter ceux du Sud-est de Paris : les 200 m de la tour Montparnasse et ceux du Front de Seine compris entre 90 et 100 m de hauteur ; et les deux tours du quartier Saint-Biaise dans le 20ème. Cette belle collection devrait s'enrichiг d'uпe vingtaine de pièces d'ici 2020. Trois sont en construction : Majunga (193 m) et Carpe Diem (162 m) à La Défense et la tour du tribunal de Grande Instance (180 m) aux Batignolles dans le 17e arrondissement.
Tous les autres projets sont actuellement contestés par les riverains, leurs associations et parfois certains maires. Ainsi, le projet des tours de Levallois-Perret, vient d'être annulé par le maire qui a assuré suivre la volonté des habitants. La tour Phare (296 m) à la Défense qui devrait être construite entre le Cnit et la Grande Arche à l'emplacement du pouce de César fait l'objet de 4 à 5 recours des riverains et associations; et le maire de Courbevoie a déclaré son opposition à une tour qui va masquer la lumière sur tout un quartier de sa ville.
Rejet des riverains
Les tours Hermitage Plaza (2 IGH de 323 m), projet franco-russe devant s'élever près du pont de Neuilly, coté Défense, à l'emplacement des immeubles d'habitation Les Damiers ont, elles aussi, quelques soucis. Le tribunal de Grande Instance vient d'interdire la destruction des immeubles d'habitation, les associations locales ont introduit des recours et, qui plus est, les promoteurs semblent peiner à rassembler les fonds pour la construction. La tour Triangle (180 m) sur une partie du parc des expositions de la porte de Versailles est, elle aussi, fortement contestée ainsi que les 3 prévues (180 à 250m) sur les anciens bureaux du journal l'Equipe à Issy-les-Moulineaux. Enfin, le projet du prix Pritzker, Jean Nouvel, de 5 tours de 100 à 120 m sur l'île Seguin à Boulogne-Billancourt fait l'objet d'un total rejet non seulement des riverains mais des villes voisines.
Le dernier argument de poids est fourni par le détail des annulations de 25 projets de tours parisiennes depuis 1962. Les capitaux ont souvent fait défaut devant le surcoût de ces objets qui reviennent, par appartement 3 fois plus cher, dès 200 m de haut, qu'un immeuble de 10 étages.
En pleine crise économique, on ne peut imaginer loger les Franciliens dont 70% sont éligibles aux logements aidés, dans des tours dont les loyers seront à l'image du coût de la construction.