Ces derniers mois, d'après le maire, il était question qu'un groupe du CAC 40 passe commande d'une tour de bureaux sur l'île Seguin pour installer son siège. Cela peut se comprendre : le lieu a vocation au prestige, l'emplacement, depuis une tour, sera enviable (vue, environnement).
En s'appuyant sur les mêmes éléments de valeur, des promoteurs pourraient juger l'opération intéressante, à condition donc que cet emplacement présente des avantages par rapport à d'autres avec lesquels il est mis en concurrence (La Défense, Saint-Denis, Balard, grande couronne). En 2011, le taux de vacance des bureaux dans la boucle sud de Paris était de 10 %, ce qui fait donc réfléchir à deux fois, comme vous le dites, avant de se lancer dans pareille opération.
A cet égard, le principal obstacle, dans tous les cas, bureaux blancs ou de commande, mis en avant par les oppositions municipales et les associations, est celui des transports et de l'accès. Le temps de trajet à pied pour rallier son bureau est important. Autre obstacle loin d'être négligeable, la question de la sécurité et de l'évacuation : les points d'accès ont été prévus pour une fréquentation de l'île bien inférieure et surtout, étalée sur la journée. Avec ce nouveau projet, on s'expose à des déplacements pendulaires massifs, sans que de nouveaux points d'accès (ponts, passerelles) soient à l'ordre du jour. C'est un paramètre qu'un promoteur ne peut négliger.
Dans tous les cas, la ville ne paiera pas pour des bureaux inoccupés, puisqu'elle n'a pas l'intention de les faire construire elle-même. La ville vend du terrain et des droits à construire, et la communauté d'agglomération GPSO percevra par la suite l'ensemble des taxes qui a remplacé la TP. C'est là, si les bureaux sont vides, que l'on peut redouter une conséquence financière, avec des recettes fiscales moins importantes que prévu. Avant d'envisager le cas des bureaux vides, il faut envisager celui de la vente, ou de la non vente, des terrains pour une activité de bureaux.
Aujourd'hui, tout le monde, majorité comme opposition, comme associations, comme observateurs, s'accorde à dire que ce qui coûte le plus cher à la SAEM, c'est le manque à gagner, c'est-à-dire l'absence de recettes. C'est même au nom de cela que le maire aurait changé son projet, au nom des investissements déjà réalisés sans retour. Le bien-fondé de ce raisonnement est lui-même l'objet de débats.